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Paroles gelées

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Welcome to Paroles gelées! The editorial board would like to thank all of those who helped to make our archives available online and facilitate our transition to online publishing. Special recognition goes to Stacey Meeker for her assistance as Publications Director for the Graduate Student Association at UCLA and to Michelle Tu for designing the new Paroles gelées logo. Further acknowledgements to the many students and staff who contributed to this achievement are available in the Spring 2009 issue of Paroles gelées.

Subversion of History and Desire for Memory / Subversion de l'histoire et désir de mémoire

Issue cover

Articles

Michelet et le renouvellement de l’Histoire : une subversion du passé monarchique au profit d’une mémoire républicaine ?

En proposant une nouvelle écriture du passé sur le mode de la “résurrection intégrale” et de la réparation historique, Jules Michelet a joué un rôle prépondérant dans le renouvellement historiographique postrévolutionnaire et la mise en place de cadres historiques dont se réclamera “la nouvelle histoire”. Or c’est par le biais du récit et de l’histoire avec un petit “h” que ce changement du discours et de la pratique historienne se met en place. Prenant pour appui la réflexion de Jacques Rancière (Les Noms de l’histoire) sur la filiation paradoxale entre l’historien souvent qualifié de subjectiviste et l’école des Annales, et la révolution scientifique que représente l’historien romantique, cet article prend pour objet les volumes consacrés à Louis XIV – incarnation de la gloire de la monarchie absolue – contre lequel Michelet semble s’acharner de manière symbolique et significative. L’article entend montrer que le changement épistémologique qu’opère l’Histoire de Michelet est une mise à mort poétique du roi, qui ne se fait pas simplement au profit d’une idéologie ou d’un désir de mémoire républicain, mais bien d’une histoire républicaine. En effet, l’historien ne se contente pas d’user de procédés littéraires pour subvertir la vision du passé véhiculée par l’historiographie classique : il en bouleverse les techniques de narration et propose une nouvelle manière de dire l’histoire qui inverse les instances souveraines du roi et du peuple, au profit d’un nouveau récit national qui laisse entendre la voix des documents et les voix oubliées du passé.

Subversion, fragmentation et mixité – Structures de la mémoire dans C’est maintenant du passé de Marianne Rubinstein

Cette contribution exploite les particularités de l’écriture de Marianne Rubinstein, notamment dans son roman intitulé C’est maintenant du passé (Gallimard, 2009). Mon propos est, d’une part, de présenter les différentes formes du subversif, du fragmenté et du mixte qui font surgir des problèmes liés à l’incomplet, à l’impensé, à la potentialité du sens et de la mémoire, et, d’autre part, d’attirer l’attention sur les modalités des techniques de contrebalance et de structuration. Je m’intéresse plus particulièrement à la subversion de la chronologie accompagnée de la structuration des différents niveaux temporels et des moments de lecture ; à la mixité formelle et générique créant des liens entre les bribes de mémoire et des phénomènes de double appartenance ; aux jeux entre texte et image, ainsi qu’aux phénomènes langagiers et spatiaux qui servent la construction de l’identité par des techniques de vacillement, de suspens et d’intégration. Il s’avère que le fragmentaire, le subversif, le mixte et le double ont non seulement des bienfaits, mais s’imposent comme des nécessités narratives, accompagnées d’une technique de structuration en sourdine, dans un contexte où une narration traditionnelle ne peut être qu’inefficace.

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Entre mémoire singulière et histoire du singulier : la double anamnèse de Michael Podchlebnik dans Shoah

Histoire et mémoire, témoignage et document, réalisateur et historien constituent autant de binômes dont les termes sont aujourd’hui encore plus souvent opposés que rapprochés. Dans le cadre de cet article, il s’agira de réfléchir à la manière dont les témoignages participent à l’écriture de l’histoire, ainsi qu’à la façon dont il est possible de faire l’histoire des propos tenus par les témoins. Cela conduira à considérer aussi bien la subversion de l’histoire proposée par des auteurs dits postmodernes, que la subversion de cette subversion par le philosophe Paul Ricœur. Pour résumer, on se demandera : comment l’historien peut-il intégrer le subjectif à son récit sans perdre de vue les attendus de sa discipline ? Et quel rôle l’historien peut-il occuper face au surgissement de la mémoire des acteurs de l’histoire ? Comment leur intégration à une forme filmique par un réalisateur peut-elle être interprétée ? Ces réflexions épistémologiques sont ici adossées à l’étude du cas particulier de l’entretien accordé en 1979 par Michael Podchlebnik – l’un des seuls survivants du Sonderkommando du camp d’extermination de Chelmno – à Claude Lanzmann pour Shoah. Pragmatiquement, cet exemple et l’analyse d’autres prises de parole du même survivant en 1945 et en 1961, conduisent à quelques gains d’intelligibilités dans la perspective d’une histoire du singulier prenant en compte la mémoire des individus.

Une lézarde révolutionnaire dans l’histoire martiniquaise: la littérature engagée d’Edouard Glissant

Disparu en février 2011, Edouard Glissant laisse une œuvre poétique, théâtrale, théorique et romanesque fortement imprégnée par ses origines martiniquaises. Refusant la domination occidentale, en général, et française, plus particulièrement, Glissant s’est attaché à inscrire son œuvre dans une histoire des Caraïbes revue et corrigée. Cette « contre-histoire » qu’Alain Ménil analyse dans Les voies de la créolisation refuse une hiérarchisation du passé des peuples (européens vs. peuples africains & américains) et utilise des références subtiles à la Révolution française. Dans La Lézarde, les personnages agissent comme guidés par des principes révolutionnaires alors qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale la population martiniquaise aspire à un renouveau politique. Le désir d’indépendance prend forme par la prise de conscience des souffrances passées, le cheminement vers une volonté de changement et se poursuit par le débat et l’engagement politique.

Le militantisme du roman se double d’une écriture imprégnée de symboles, de poésie et d’un sous-texte si riche que La Lézarde, roman qui obtint le prix Renaudot à sa sortie en 1958, est devenue un roman de premier ordre dans les études francophones. Littérature et engagement politique se rejoignent donc pour écrire l’histoire d’un acte fondateur, celui de la Martinique et des Antilles modernes.

Un univers d'emotions et de sensations: l'ecriture intimiste d'Ananda Devi. Entretien de Kumari Issur avec l'auteure

Originaire de l’Ile Maurice, Ananda Devi, auteur de romans, nouvelles, récits et poésie, est la récipiendaire de nombreuses récompenses pour son œuvre. Elle retrace ici son parcours, ses débuts en écriture, ses luttes et ses échecs avant d’en arriver au succès. Elle fait le point sur la manière dont lui vient l’inspiration d’une écriture engagée qui s’intéresse aux subalternes et autres marginaux, en particulier ceux qui sont dans l’impossibilité de s’exprimer. Elle explique les liens qu’elle entretient avec ses personnages, leur cheminement et leur évolution de roman en roman ainsi que la part autobiographique contenue dans ses écrits. Très attentive aux nuances des langues et des émotions, elle fait une utilisation très particulière de la prose poétique qui néanmoins ne serait pas contradictoire avec la violence exprimée dans l’œuvre.

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